Texte pour rassemblement du samedi 4 mai 2024.
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Au grand émoi d’un certain nombre de journalistes de la presse écrite (à l’exception des titres de la presse indépendante et engagée), mais aussi et surtout de journalistes et de chroniqueurs des télés et radios, y compris de « service public », l’indignation du monde étudiant contre les crimes d’Israël à Gaza semble surprendre et scandaliser. Alors que l’on ne peut que se réjouir du réveil des consciences.
Des universités un peu partout en France, dont les filières « sciences Po », se mobilisent pour dénoncer le génocide en cours à Gaza et exiger un cessez le feu immédiat. Quel scandale pour la « bien -pensance » de ceux que l’on dit nos élites intellectuelles et politiques qui rejoignent les soutiens inconditionnels de Nétanyahou ! Heureusement pour la pensée critique de quelques autres, dont nous nous revendiquons, la lutte pour la paix et la justice ne se négocie pas au comptoir des intérêts d’un système capitaliste qui se fiche bien du droit international et humanitaire tant que marchent les affaires.
Ces « horribles » manifestations seraient inspirées par l’exemple des campus américains engagés depuis déjà des semaines dans le combat pour soutenir les victimes palestiniennes. Pendant des mois la plupart des médias occidentaux, ici comme ailleurs, répétaient à satiété que seules comptaient les victimes israéliennes du 7 octobre. Nous avons toujours condamné les actes terroristes du Hamas qui sont inacceptables parce qu’ils visaient des civils innocents, mais nous avons aussi très vite dénoncé la réplique israélienne, qui rappelons-le, a fait aujourd’hui plus de 34 000 morts et sans doute plus, avec les cadavres sous les décombres (10 000 peut être ?) , dont 70 % de femmes et
d’enfants, et au moins 80 000 blessés à Gaza.
Tout décompte est par essence insupportable mais comment raisonnablement comparer cet effroyable bilan des victimes palestiniennes aux 1200 morts israéliens et aux 120 otages retenus par le Hamas ? Et nous demandons la libération des otages israéliens comme la libération des prisonniers palestiniens illégalement emprisonnés. Israël a endossé la responsabilité d’une vengeance assassine qui cache bien d’autres buts comme l’expulsion, voire l’élimination d’un grand nombre de palestiniens. Depuis des mois toutes les conditions d’un génocide sont réunies, ce que continuent de contester les « bien pensants » malgré les éléments de définition retenus par l’ONU et pour lesquels la Cour Internationale de Justice mettait en garde Israël.
Le très grand nombre de morts, de malades et de blessés peu ou mal oignés, la famine organisée, les destructions systématiques d’infrastructures(écoles, universités, hôpitaux, stations de production énergies,…) et de services, les privations de toutes sortes imposées à la population dont la nourriture et les soins médicaux, sont amplement suffisants et documentés (comme ils disent) pour caractériser ce qui dépasse la notion « de risque de génocide ».
Les USA pensent pouvoir se dédouaner de leur responsabilité dans ce génocide alors qu’ils fournissent les armes et les munitions qui tuent les gazaouis, et soutiennent Nétanyahou dans son entreprise d’anéantissement de Gaza. La construction d’un port artificiel sur les côtes de Gaza pour ravitailler les habitants est un non sens quand on sait que des centaines de camions remplis de marchandises attendent à la frontière avec l’Égypte mais qu’Israël refuse de laisser entrer sans que les USA exercent une quelconque pression ne serait-ce que pour des raisons humanitaires !
Outre les vies humaines, le niveau des destructions est tel que certains spécialistes américains estiment que 70 à 80 % des habitations de Gaza sont détruites et que la reconstruction coûterait de 30 à 40 milliards de $. Une catastrophe annoncée et acceptée ! Et pour laquelle une fois de plus appel sera fait à la générosité internationale. l’Europe si tolérante avec Israël y est habituée.
A un moment la vérité éclate et finit par réveiller les consciences. Ce dont témoignent ceux, les étudiants, qui entrent dans la lutte. Trop c’est trop ! Et l’intention d’Israël de liquider Rafah où s’entassent 1,5 million de gazaouis ne fait que rajouter à notre indignation. N’oublions pas les cisjordaniens victimes des colons et de l’armée
israélienne. Ils sont plus de 400 à être tombés sous leurs balles. Les militants pacifistes israéliens qui tentent de s’interposer sur le terrain pour protéger les populations palestiniennes ont dénombré plus de 1000 attaques depuis le 7 octobre, soit une moyenne de 6 par jour.
Les actions solidaires d’occupation des campus américains sont sévèrement réprimées par les autorités politiques et policières comme dans plusieurs universités : de New York à Austin (Texas) ou encore en Californie. Des attaques musclées conduites par des groupuscules pro israéliens comme à l’Université de Columbia il y a quelques jours cherchent à décourager toute contestation.
Les chantages aux financements des universités se multiplient aux USA comme en France. Madame Pécresse chantre bien connu de la liberté et de la démocratie en région parisienne menace de couper les financements de Science Po Paris tandis qu’aux États Unis les grands lobbys capitalistes menacent de se désengager du financement d’universités, il est vrai privées.
Cette violence des pouvoirs en place, y compris en France où ordre est donné de déloger les étudiants parisiens et provinciaux, n’éteindra pas la contestation d’une injustice flagrante. Nous sommes solidaires de ces étudiants qui honorent les valeurs fondatrices de notre République.
Si l’action de protestation ne rassemble qu’une « minorité agissante » comme l’on dit, la grande majorité des étudiants comme des citoyens en général n’acceptent plus le carnage que vivent des femmes, des enfants et des innocents. Les étudiants américains dont un grand nombre de juifs anti sionistes et les étudiants Français dénoncent à juste titre les complicités qui permettent à Israël de poursuivre ses massacres et d’ignorer les condamnations internationales.
Complicité des gouvernements dont le nôtre, même s’il a voté la demande de reconnaissance de l’État de Palestine à l’ONU mais ne l’a toujours pas fait pour la France, complicité des entreprises capitalistes américaines et européennes, du commerce ou de l’armement, qui s’enrichissent à qui mieux mieux pour donner la mort ou soutenir le régime de Nétanyahou, complicité des institutions universitaires ou sportives qui collaborent avec Israël, certaines allant même jusqu’à détenir des intérêts financiers en Israël, complicité de tous ceux qui ont bonne conscience et laissent faire Israël.
Et que l’on ne traite pas ces étudiants comme nous même d’antisémite parce qu’antisioniste. Nos combats présents et passés contre l’antisémitisme comme ceux des
juifs qui partagent nos opinions attestent d’une recherche de justice et d’égalité, une volonté d’aider à la Paix au Proche Orient. Un des mots d’ordre des étudiants américains est : « no justice, no peace » (pas de justice, pas de paix). Car c’est bien de cela dont il s’agit. L’injustice imposée par la force aux palestiniens depuis 1948 ne pourra se surmonter que si un État palestinien libre et indépendant est créé. Les tenants du
droit des peuples à l’autodétermination comme l’affirme la Charte des Nations
Unies ont une fois encore l’occasion de le prouver. La folie des extrémistes du « Grand Israël » qui ne voit la Palestine que sans les palestiniens condamne les peuples israéliens et palestiniens à une guerre permanente et sanglante. La Paix ne se fera qu’au prix d’une intervention de la communauté internationale. L’ONU que certains cherchent en permanence à décrédibiliser est l’instance qui pourrait le faire en s’attaquant au verrou américain et en lui donnant la force politique nécessaire. La France si elle le
voulait pourrait y apporter sa contribution.
Ce jour, comme les samedis précédents nous déclarons haut et fort que nous exigeons :- un cessez le feu immédiat dans la bande de Gaza ;
la fin du blocus pour permettre une aide humanitaire ;
la libération de tous les otages israéliens et des prisonniers palestiniens ;
la protection des populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie ;
des sanctions contre Israël ;
la reconnaissance de l’État de Palestine à côté d’Israël.
Palestine libre !
Enfants de Gaza ! Enfants de Palestine ! c’est l’humanité qu’on
assassine !
MRAP et Mouvement de la Paix